Conception de l’étude STRONG-HF
STRONG-HF était une étude clinique prospective, multinationale, randomisée, menée en mode ouvert chez des patients adultes hospitalisés pour IC aiguë7. L’étude a inclus des patients quelle que soit leur fraction d’éjection ventriculaire gauche, et tous les participants présentaient des concentrations plasmatiques élevées de la partie N-terminale du peptide cérébral natriurétique (NT-proBNP) avant la sortie de l’hôpital. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit les soins habituels, soit les soins de haute intensité (HIC). Avant leur sortie de l’hôpital, les patients du groupe HIC ont reçu la moitié des doses optimales des trois classes de médicaments du GDMT de l’IC (association d’IEC/ARNI/BRA, de BB et d’ARM). Après une semaine de traitement, les patients du groupe HIC ont eu une visite de suivi de réponse au traitement. Une seconde évaluation de suivi a eu lieu à la Semaine 2, et les patients ayant bien répondu au traitement dans le groupe HIC ont vu leurs trois GDMT augmentés jusqu’à la dose optimale complète. Les autres visites de suivi ont été réalisées aux semaines 3 et 6 dans le groupe HIC. Les patients des deux groupes de traitement ont passé deux visites de suivi, une à 90 jours et l’autre à 180 jours, qui ont permis d’évaluer le critère principal de l’étude : la réadmission pour IC ou la mortalité toutes causes confondues à 180 jours.
Au cours de l’étude STRONG-HF, les taux plasmatiques de NT-proBNP ont été utilisés comme marqueur de sécurité et pour la détection de l’aggravation de la congestion. Le Pr Mebazaa a expliqué que lorsque les patients étaient cliniquement stables, les concentrations de NT-proBNP demeuraient faibles, tandis que l’aggravation de la congestion clinique était associée à des augmentations des concentrations de NT-proBNP15.
Conformément au protocole de l’étude STRONG-HF, une augmentation des valeurs de NT-proBNP après l’instauration du traitement nécessite un délai d’une semaine avant l’augmentation de la dose de GDMT. Dans ces cas, la dose de diurétique est augmentée et les patients continuent de recevoir la moitié de la dose optimale de GDMT jusqu’à disparition de leur congestion ; si le NT-proBNP commence à diminuer, et si d'autres paramètres clinico-biologiques le permettent, la dose de GDMT est augmentée jusqu’à la dose optimale complète une semaine plus tard, et la dose de diurétique diminuée en parallèle.
Résultats de l’étude STRONG-HF
Dans le groupe HIC, environ 50 % des patients étaient éligibles à la dose optimale complète d’IEC/de BRA/d’ARNi, de BB et d’ARM après 180 jours de suivi, tandis que plus de 80 % des patients ont reçu la dose optimale complète d’ARM. De plus, environ 80 % des patients du groupe HIC ont reçu au Jour 180 au moins la moitié de la dose optimale des trois classes de médicaments du GDMT. Dans le groupe de soins habituels, un peu plus de 30 % des patients ont reçu au moins la moitié des doses optimales d’IEC/de BRA et d’ARNi au Jour 180, tandis que plus de 90 % ont reçu au moins la moitié de la dose optimale d’ARM. Les patients du groupe HIC ont présenté des améliorations plus importantes des paramètres hémodynamiques, avec des réductions significativement plus importantes de la fréquence cardiaque, du potassium et de la pression artérielle systolique, par rapport au groupe de soins habituels. Les signes et symptômes de la congestion liée à l’IC se sont également améliorés dans le groupe HIC, avec des pertes de poids plus importantes, réduction de la fréquence respiratoire, de l’œdème périphérique et de la classe NYHA (New York Heart Association), par rapport au groupe de soins habituels. L’analyse du critère d’évaluation principal a révélé un risque significativement plus faible de décès toutes causes confondues ou de réadmission pour IC à 180 jours dans le groupe HIC par rapport au groupe de soins habituels. La qualité de vie était également meilleure dans le groupe HIC, avec des améliorations plus importantes de conditions de vie. Le nombre d’événements indésirables liés au traitement (EILT) était légèrement plus élevé dans le groupe HIC que dans le groupe de soins habituels, mais sans différence statistiquement significative, ce qui confirme la sécurité de l’augmentation rapide de la dose de GDMT.
Importance des résultats de l’étude STRONG-HF
Les données actuelles issues des études antérieures montrent que les patients hospitalisés pour IC aiguë ne reçoivent souvent pas tous les GDMT à la dose optimale complète après la sortie de l’hôpital10, 16-18. L’étude de mise en œuvre randomisée et contrôlée STRONG-HF a montré que les patients atteints d’IC aiguë peuvent suivre un protocole d’augmentation de la dose de GDMT jusqu’à la dose optimale en toute sécurité dans les semaines suivant la sortie de l’hôpital grâce à de fréquentes visites de suivi et à l’utilisation d’évaluations cliniques et de laboratoire pour assurer la sécurité et le bon état des patients7. La mise en œuvre d’une telle stratégie thérapeutique dans la pratique clinique de routine est essentielle pour réduire le risque de ré-hospitalisation et de décès de patients.